lundi 10 juin 2013

TEXTE SUR L'EXPO "TERRITOIRES ANTERIEURS"



Les couleurs embuées de nos premières années.
Que pouvons-nous saisir de ces mondes lointains qui furent le nôtre, mais que la mémoire désintègre dans ses brouillards? Au premier abord, les nouvelles peintures de Virginia Alfonso semblent relever de l'art non-figuratif. Les couleurs diluées, sans matière apparente, mais aux coulées liquides, installent une atmosphère embuée, embrumée, allusive. Puis, l'oeil s'accoutume et décelée quelques buttées, quelques points plus stables sur lesquelles s'appuyer, permettant de réexaminer la lecture du tableau. Tout bien considérée, dans ces douces flaques de peintures, on identifie tout à coup des pans de murs aveugles, un couloir, une rue, des coins d'ombres colorés et des raies de lumière. On pourrait même avec un peu d'imagination des paysage de landes, des roches ou des rivages et des plages, voir la longue langue d'un plongeoir avec un rectangle d'une piscine.
A dire vrai Virginia Alfonso nous tend la perche. Chacune de ses peinture apparemment abstraite est accompagnée d'un petit dessin d'un genre tout à fait figuratif lui. Sur ses croquis au trait fin et précis, une fillette (dessinée à la mine de plomb et partiellement rehaussée au crayon de couleur) s'abîme dans des occupations de son age. Et si l'on est tant soit peu attentif, on comprendra vite que les dessins de Virginia Alfonso donnent à voir « en clair » ce que ses peintures se contentent s'évoquer évasivement. C'est entendre, pour finir, que l'abstraction, du point de vue de l'artiste, n'est pas si abstraite que ça. Et que nous ne nous défaisons jamais du souvenir qui nous fondent.
L'enfance te ce que nous avons perdu; nous ne sommes pourtant rien d'autre que ce qu'elle a fait de nous.
Jean-Louis Roux

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